Restons encore en Italie du sud, plus particulièrement à Bari pour présenter d’extraordinaires curiosités patrimoniales : les rouleaux d’Exultet.
L’hymne, nommé Exultet, du mot par lequel il commence (Exsúltet iam angélica turba cælórum :exsúltent divína mystéria = Exultez, célébrez les mystères divins Résonne, trompette du salut) , et qui se chante dans la nuit du samedi saint pour la bénédiction du cierge pascal, a donné naissance dans le sud de l’Italie, du Xe au XIIIe siècle, à des manuscrits originaux richement enluminés : ce sont de longs parchemins de plusieurs mètres qui présentent la particularité de montrer les illustrations à l’envers par rapport au sens du texte. En effet, le diacre qui chantait cet hymne laissait pendre devant l’ambon le texte déjà lu, et les illustrations, faites « à l’envers », permettaient aux fidèles de suivre par l’image ce qui était chanté.
Le musée diocésain de Bari possède trois de ces précieux manuscrits. Les autres exemplaires se trouvent en différents endroits de l’Italie du sud, Salerne, Bénévent.
A Bari, les exemplaires les plus récents ont le texte musical sur des portées de trois lignes, le plus ancien montre des neumes (signes indiquant si la musique monte ou descend)..
Les miniatures montrent le Christ nimbé bénissant sur un trône ; les symboles des quatre évangélistes ; deux anges sonnant de la trompette ; la lettre E richement ornée, le diacre en train de chanter et de dérouler le parchemin, l’autel sous un ciborium, en présence de l’évêque assis qui bénit le diacre ; la récolte du miel qui fera la cire du cierge pascal, au milieu d’un essaim d’abeilles ; la descente du Christ aux enfers ; des figures d’empereurs ; en bordure, des médaillons représentent divers saints dont le nom est donné en grec.